Le diagramme de Venn a été conçu pour vous aider à identifier vos forces ainsi que les sources de stress dans votre vie personnelle et professionnelle. Les divers cercles se chevauchent puisque certains facteurs de stress peuvent couvrir à la fois plusieurs aspects du travail ou de la vie personnelle.

Cet outil a été développé par Françoise Mathieu, TEND, Leslie Anne Ross, UCLA et le Secondary Traumatic Stress Consortium, un groupe formé de chercheurs, formateurs, praticiens et militants qui visent conjointement à faire avancer la recherche dans le domaine du stress traumatique secondaire dans une optique de santé. Nous remercions le National Child Traumatic Stress Network Secondary Traumatic Stress Collaborative Group pour sa contribution à la section du diagramme Venn portant sur les facteurs socioculturels.


Conditions personnelles

Les expériences de vie définissent les personnes. Ces expériences peuvent avoir un effet stimulant ou, au contraire, augmenter la vulnérabilité d’une personne lorsqu’elle est confrontée à des cas difficiles ou problématiques.

Parmi les conditions personnelles, on note les antécédents personnels, les mécanismes d’adaptation et les traits de personnalité. Tous ces facteurs ont un impact sur votre capacité de gérer votre stress. Par exemple, de nombreux intervenants en relation d’aide font partie de la « génération sandwich » c’est-à-dire qu’ils doivent prendre soin à la fois de leurs jeunes enfants et de leurs parents âgés. Ces pressions s’ajoutent au stress ressenti dans un milieu de travail stressant.

Certains autres facteurs de risque sont reliés aux conditions personnelles, par exemple :

  • Des traumatismes antérieurs pendant l’enfance.
  • Une crise familiale (comme une dispute entourant la garde des enfants, un divorce, un problème d’infertilité, un stress financier, etc.)
  • Prendre soin d’une personne ayant des besoins significatifs.

Les aidants ne sont pas immunisés contre leurs propres douleurs. La recherche a démontré que plus de 60 % des professionnels en relation d’aide ont vécu antérieurement des traumatismes personnels (Pearlman & Mac Ian, 1995). Considérez les facteurs de risque dans votre vie personnelle. Quels éléments vous renforcent? Quels éléments sont des déclencheurs de stress?

Chagrins et pertes liés au travail

En tant que professionnels en relation d’aide, il est souvent inévitable de ressentir des chagrins et des pertes en milieu de travail. Ces sentiments peuvent refaire surface lors de certaines situations de type « tâche inachevée », comme lors du décès d’un client (anticipé ou soudain), lorsqu’un patient reçoit son congé du traitement ou lorsqu’un étudiant est retiré de son milieu scolaire de façon imprévue.

Nous pouvons aussi ressentir une perte lors de perturbations dans notre milieu de travail, par exemple :

  • Le congédiement, le départ à la retraite ou le départ imprévu d’un collègue de travail.
  • La fermeture d’une organisation partenaire.
  • Le départ à la retraite d’un mentor très apprécié.

Est-ce que vous-même ou votre équipe avez ressenti une perte ou de la tristesse lors de certains événements survenus récemment dans votre milieu de travail? Comment avez-vous digéré ces événements?

Exposition directe

On entend par exposition directe, l’exposition d’une personne à un événement traumatisant qui la touche directement ou qu’elle observe directement. Votre sécurité personnelle peut alors être menacée ou une autre personne peut être gravement blessée. Vous pouvez même ressentir de la terreur.

Il existe deux sources potentielles d’expositions directes : personnelle et professionnelle.

Personnelle : événement traumatisant dans votre vie personnelle, par exemple :

  • Être victime d’un crime.
  • Demande d’asile dans un autre pays.
  • Grave crise d’ordre médical.

Professionnelle : événement traumatisant dans le cadre de vos fonctions professionnelles, par exemple :

  • Subir un lock-down.
  • Menaces ou attaques au travail.
  • Être victime d’un crime haineux.

Occupez-vous un emploi de première ligne? Quelles stratégies pouvez-vous mettre en pratique avant, pendant et après des événements traumatisants?

Traumatisme indirect

Un traumatisme indirect est ressenti après coup. Ce type de traumatisme peut être d’origine auditive ou visuelle ou encore résulter d’une lecture. Les événements en question reviennent souvent vous hanter; vous pouvez même sentir qu’ils vous « collent à la peau ».

On utilise les termes traumatisme secondaire, stress traumatique secondaire (STS) ou traumatisme vicarien pour décrire un traumatisme indirect.

On peut ressentir un traumatisme indirect après avoir été exposé à certaines situations, par exemple :

  • Intervention auprès d’un client, patient ou étudiant qui vous fait un récit détaillé d’un abus dont il a été victime.
  • Lecture d’un dossier.
  • Écoute de témoignages bouleversants pendant un procès.
  • Débriefing sur un cas traumatisant de la part d’un collègue.

Compte tenu de l’accès facile aux médias sociaux et à l’internet, un grand nombre d’entre nous augmentons quotidiennement notre niveau d’exposition à des traumatismes indirects. Qu’il s’agisse de couvertures médiatiques ou d’émissions télévisées très explicites, une exposition fréquente à des événements traumatisants peut être insidieuse et difficile à cerner.

Examinez les sources de traumatisme dans votre vie professionnelle et personnelle. À quels traumatismes êtes-vous exposé au travail? Pouvez-vous réduire certaines expositions à des traumatismes dans votre vie personnelle?

Stress empathique (aussi appelé fatigue de compassion)

On entend par stress empathique, le profond épuisement émotionnel et physique qui peut se développer au cours d’une carrière. On observe alors une érosion graduelle de l’espoir et de tous les éléments qui assurent une connexion avec autrui, entre autres l’empathie, non seulement envers les autres, mais aussi envers soi-même.

Un niveau élevé de stress empathique peut se traduire par une perte de motivation au travail, une contribution à la mise en place d’un environnement toxique au travail, une violation de la confidentialité ou certaines manifestations d’impatience envers nos êtres chers lorsqu’ils nous racontent leurs problèmes ou nous demandent de les aider.

Vous courez le risque de développer un stress empathique dans les cas suivants :

  • Lorsque vous entendez des récits bouleversants de la part de vos clients ou patients pendant toute la journée.
  • Lorsque vous dispensez des soins à certaines personnes qui se sentent constamment « bloquées », dépassées par les événements ou ne semblent jamais s’améliorer.
  • Lorsque vous occupez le même poste ou travaillez dans le même domaine pendant de nombreuses années.

Avez-vous observé des changements relativement à votre connexion aux autres au cours des dernières années?

Défaillances des systèmes

La bureaucratie et les divers obstacles qui empêchent les aidants d’offrir les meilleurs soins ou services à leurs clients ou patients sont considérés comme des défaillances des systèmes. Voici quelques exemples :

  • Grandes quantités de paperasse difficile à remplir qui semble superflue.
  • Longues listes d’attente de clients ou patients ou complexité des systèmes.
  • Mésententes sur l’admissibilité d’une personne à un certain service.

La détresse morale est l’une des conséquences des nombreux obstacles à surmonter au travail. Celle-ci se manifeste lorsqu’on nous demande de faire des choses avec lesquelles nous sommes en profond désaccord ou qui vont à l’encontre de nos valeurs morales. Elle se manifeste aussi lorsque nous devons respecter certaines dispositions légales qui vont à l’encontre de nos valeurs.

Quels obstacles d’ordre bureaucratique devez-vous surmonter dans votre milieu de travail? Est-ce que vous êtes parfois en désaccord avec certaines décisions prises dans votre milieu de travail ou par votre profession que vous considérez non éthiques? Disposez-vous d’un réseau de soutien pour discuter de ces contraintes et les affronter?

Conditions de travail

On entend par conditions de travail, la façon de considérer ou de percevoir les conditions existantes dans le milieu de travail, entre autres les relations avec les superviseurs et collègues, la reconnaissance équitable du travail (salaire, récompenses, bénéfices, vacances, etc.) et la charge de travail. Les mauvaises conditions de travail sont souvent la principale source d’épuisement professionnel.

Les éléments suivants peuvent avoir un impact sur la qualité de vos conditions de travail :

  • Votre confiance envers la direction.
  • La qualité et la rapidité des communications au sein de votre organisation.
  • Votre perception de la rémunération équitable de votre travail.

Réfléchissez aux aspects de votre travail qui n’ont rien à voir avec vos relations avec vos clients. Croyez-vous qu’il serait plus satisfaisant d’occuper le même poste et de conserver les mêmes clients, patients ou étudiants tout en appartenant à une autre équipe ou organisation?

Contexte socioculturel

On entend par contexte socioculturel, le point d’intersection de la race, de la culture, du genre, de l’orientation sexuelle, des croyances religieuses, des traumatismes antérieurs et de certains autres éléments qui définissent l’identité d’une personne. Tous ces facteurs peuvent entrer quotidiennement en conflit avec les facteurs sociopolitiques existants dans votre communauté, comme les règles, les règlements et les lois, ainsi qu’avec le climat politique de votre milieu de vie et de travail.

Parmi les facteurs de risque reliés au contexte socioculturel, on note :

  • Une crise ou transformation culturelle qui a un impact sur vous-même ou votre mode de vie.
  • Une demande d’exécuter certaines tâches hors de votre portée en raison de votre race, genre, orientation sexuelle ou de vos croyances religieuses, etc.
  • Une sous-représentation de votre race, genre, orientation sexuelle ou de vos croyances religieuses, etc. dans votre milieu de travail ou profession.

Vous identifiez-vous comme faisant partie d’un groupe victime de discrimination? Si oui, avez-vous été victime d’oppression et/ou réduit au silence dans votre milieu de travail?


Cuellar, R., Hendricks, A., Clarke, M., Sprang, G., & the NCTSN Secondary Traumatic Stress Collaborative Group. (submitted 2021). Secondary Traumatic Stress: Understanding the Impact on Professionals in Trauma-Exposed Workplaces. Los Angeles, CA, and Durham, NC: National Center for Child Traumatic Stress.

Pearlman, L. A., & Mac Ian, P. S. (1995). Vicarious traumatization: An empirical study of the effects of trauma work on trauma therapists. Professional Psychology: Research and Practice, 26(6), 558–565. https://doi.org/10.1037/0735-7028.26.6.558